Inclusion au travail : définition, enjeux et stratégies pour une entreprise performante

26/08/2025 | Inclusion & Diversité

Parler d’inclusion au travail, ce n’est pas juste cocher une case ou surfer sur une tendance.

C’est interroger en profondeur nos façons de recruter, de manager, de collaborer, d’évaluer et donc de faire entreprise.

L’inclusion transforme la diversité d’une équipe en véritable levier de performance, d’innovation et de justice. Elle permet à chaque personne de se sentir pleinement à sa place, quelle que soit son origine, son genre, son handicap, son âge ou sa situation sociale.

Mais encore faut-il comprendre ce qu’on met vraiment derrière ce mot.

Trop souvent, le terme « inclusion » est utilisé sans être défini. Il est galvaudé, confondu avec intégration, ou pire : instrumentalisé dans des discours sans effets concrets.

Dans cet article, on remet les pendules à l’heure :

  • Ce qu’est vraiment l’inclusion (et ce qu’elle n’est pas)
  • Pourquoi elle est centrale pour les entreprises d’aujourd’hui (et encore plus pour celles de demain)
  • Comment la penser, la mettre en œuvre et surtout… la vivre au quotidien.

I. Comprendre l’inclusion au travail

1. Définition de l’inclusion au travail

Le Larousse définit l’inclusion comme l’« action d’inclure quelque chose dans un tout ».

Mais dans le monde professionnel, c’est plus précis que ça.

👉 L’inclusion, c’est la capacité d’une organisation à permettre à chaque personne – quelles que soient ses différences – de contribuer, évoluer et être reconnue sans devoir gommer qui elle est.

C’est un changement de posture : on ne demande plus aux individus de s’adapter au moule → on adapte l’organisation pour faire place à la pluralité. Cela se traduit par des choix de recrutement, de management, d’aménagement, de communication et un travail sur les normes implicites. L’objectif est de lutter contre toutes les formes de discrimination.

Et si on devait résumer l’inclusion en une image, ce serait celle-ci :

« La diversité, c’est être invité(e) à la fête. L’inclusion, c’est être invité(e) à danser. »
Verna Myers, VP Inclusion chez Netflix

2. Inclusion, intégration, diversité : bien nommer pour bien agir

Ces trois mots ne veulent pas dire la même chose. Les confondre, c’est passer à côté de ce qu’est vraiment une culture inclusive.

Alors, posons les choses simplement.

👉 Autrement dit :

  • Diversité = qui est là
  • Intégration = qui est toléré(e)
  • Inclusion = qui est pleinement pris(e) en compte

La diversité peut exister sans inclusion. L’intégration peut masquer des inégalités. Mais l’inclusion, c’est ce qui transforme une photo d’équipe “variée” en collectif réellement performant.

II. Les avantages de l’inclusion au travail

1. Pourquoi l’inclusion est un levier de performance

Faire de la place à chacun(e), ce n’est pas faire des concessions. C’est créer un cadre de travail plus sain, plus intelligent, plus efficace.

Voici ce que l’inclusion change concrètement dans une organisation :

Quand les personnes n’ont pas à surjouer ou se conformer à des normes implicites, elles se sentent légitimes, engagées et alignées.

Résultat : un climat de confiance, moins de tensions implicites, plus de coopération.

👉 Une organisation inclusive, c’est une organisation met en place des actions concrètes pour créer un environnement qui améliore la qualité de vie au travail.

L’inclusion libère de l’énergie.

Quand on n’est plus freiné(e) par des biais, des stéréotypes ou des barrières culturelles, on peut se concentrer sur ce qu’on fait, pas sur ce qu’on est censé(e) prouver.

C’est aussi un puissant levier de sécurité psychologique : on ose proposer, se tromper, apprendre.

👉  L’inclusion renforce l’intelligence collective : des décisions plus robustes, une créativité accrue, et une meilleure rétention des talents.

Les talents – notamment les nouvelles générations – ne veulent plus seulement “un job”.

Ils choisissent des organisations alignées avec leurs valeurs, où ils seront écouté(e)s, reconnu(e)s et respecté(e)s.

Une entreprise inclusive devient naturellement plus attractive. Elle attire et retient les bons profils, se distingue dans les appels d’offres et gagne en légitimité sur son marché.

👉 L’inclusion est un avantage compétitif. Pour recruter, fidéliser et se développer durablement.

2. Inclusion, justice sociale & performance économique

L’inclusion n’est pas une faveur ou un passe-droit. C’est un levier d’équité, d’efficacité et de performance.

L’inclusion, ce n’est pas renoncer à l’exigence, c’est refuser les règles du jeu faussement neutres.

Celles qui avantagent toujours les mêmes, au détriment de celles et ceux qu’on ne voit pas ou qu’on n’écoute pas.

👉 L’inclusion ne supprime pas les critères de performance.

Elle garantit que tout le monde a accès à la ligne de départ.

L’égalité, c’est traiter tout le monde de la même manière.

L’équité, c’est ajuster le cadre pour que chacun(e) dispose des mêmes chances réelles de réussir.

👉 L’inclusion repose sur cette logique d’équité : elle reconnaît que les règles “neutres” ne le sont pas toujours. Elles favorisent certains profils, certaines manières de penser, certains parcours.

Cela passe par des questions simples :

  • Qui a accès à l’information informelle ?
  • Qui ose s’exprimer sans filtre en réunion ?
  • Qui est promu, valorisé, entendu ? Et qui reste à la marge ?

L’inclusion invite à repenser les règles du jeu : pas pour favoriser quelques un(e)s, mais pour aligner les conditions d’accès, d’évolution et de reconnaissance.

👉 C’est ça, l’équité structurelle : créer un système qui cesse de reproduire les mêmes injustices, même sans le vouloir.

Et donc un système plus juste, plus cohérent, plus performant.

III. Diversité et inclusion : un duo complémentaire

1. Définition et importance de la diversité en entreprise

La diversité, c’est une réalité :

  • Genre, âge, origine, situation de handicap,
  • Orientation sexuelle, identité de genre, croyances,
  • Parcours socio-économique, niveau de diplôme, neuroatypie…

Plus cette diversité est reconnue et valorisée, plus elle devient un levier stratégique : pour comprendre ses client(e)s, éviter les angles morts, croiser les idées, générer de l’innovation.

Mais aujourd’hui, la diversité est aussi encadrée par la loi.

Voici les obligations légales principales en France :

  • Obligation de 6 % de personnes en situation de handicap dans les entreprises de plus de 20 salarié(e)s (Source : Agefiph).
  • Index égalité professionnelle à publier chaque année dès 50 salarié(e)s, mesurant les écarts de traitement entre femmes et hommes (Source : Entreprendre Service Public).
  • Objectifs de parité dans les instances dirigeantes via la loi Rixain : 30 % de femmes d’ici 2026, 40 % d’ici 2029 (Source : Ministère du Travail).
  • Interdiction stricte des discriminations dans l’emploi.

2. Comment la diversité soutient (ou freine) l’inclusion ?

Avoir une photo de groupe diversifiée sur le site carrière ne suffit pas.

La diversité n’a de valeur que si elle est activée.

👉 Sans inclusion :

  • Les personnes issues de la diversité restent à la marge.
  • Elles n’osent pas parler, proposer, exister pleinement.
  • L’entreprise entretient un déséquilibre invisible : “on vous accepte, mais à condition que vous vous adaptiez.”

Résultat : inertie, désengagement, tensions latentes.

La diversité devient un facteur de fragilité, pas de transformation.

👉 Avec inclusion :

  • Les différences deviennent des leviers de coopération.
  • Les équipes croisent les points de vue, ajustent leurs pratiques.
  • La culture d’entreprise évolue en profondeur.

Mais pour ça, il faut un cadre.

Et ce cadre, ce sont :

  • les RH (politique de recrutement, évolution, reconnaissance),
  • les managers (écoute, exemplarité, traitement des signaux faibles),
  • les communicant(e)s (visibilité, représentations, récits internes),
  • et surtout, la direction (alignement entre discours et réalité vécue).

👉 La diversité est un point de départ. L’inclusion est le moteur.

3. Inclusion intersectionnelle : une approche systémique

On ne peut plus penser les sujets de diversité par case : une personne n’est pas “racisée” OU “femme” OU “en situation de handicap”.

Elle peut être plusieurs de ces choses à la fois et cela modifie radicalement son expérience au travail.

👉 C’est ça, l’intersectionnalité : comprendre que les discriminations peuvent se cumuler, s’entrelacer, et créer des obstacles spécifiques qu’aucune politique “monothématique” ne peut résoudre.

Ce que ça change :

  • Il ne suffit plus de “célébrer la diversité”.
  • Il faut analyser les mécanismes de pouvoir et de relégation.
  • Et bâtir des réponses qui tiennent compte de la complexité des parcours et des vécus.

Dans les faits, cela implique :

  • Des enquêtes internes croisées, pas juste des statistiques brutes.
  • Une co-construction des solutions avec les personnes concernées.
  • Une lecture plus fine des risques culturels, managériaux et RH.

👉 L’inclusion intersectionnelle n’est pas un supplément.

C’est la seule façon d’agir durablement sur les inégalités systémiques.

IV. Mettre en place une stratégie inclusive efficace

1. Actions concrètes pour promouvoir l’inclusion

L’inclusion ne se décrète pas. Elle se construit dans les pratiques, les décisions, les réflexes du quotidien.

👉 Et pour ça, il faut sortir du déclaratif. Il faut outiller, former, ajuster.

3 leviers d’action clés :

  • Formations aux biais inconscients.
  • Ateliers de communication inclusive.
  • Mise à niveau des équipes RH, managers, com’.

Objectif : que chacun·e comprenne comment son rôle peut renforcer ou freiner l’inclusion, même sans intention discriminante.

  • Instaurer un vrai feedback à 360°.
  • Donner un accès équitable à la mobilité interne et aux opportunités de carrière.
  • Apprendre à repérer (et traiter) les signaux faibles de désengagement ou d’exclusion.

👉 L’inclusion passe par la qualité des interactions quotidiennes, pas par une charte affichée.

  • Accessibilité des locaux, outils, formats de réunion.
  • Aménagement des rythmes (flexibilité, télétravail).
  • Culture d’ajustement : ce n’est pas “faire une exception”, c’est créer un cadre vivant.

👉 C’est en liant pratiques individuelles et décisions structurelles qu’on passe du symbole à la stratégie.

2. Mesurer et évaluer l’inclusion en entreprise

Pas d’impact sans pilotage.

Et pas de pilotage sans indicateurs précis, fiables, et suivis dans le temps.

👉 Il ne suffit pas de “se sentir inclusif”. Il faut le prouver, le mesurer, l’ajuster.

  • Taux de diversité dans les recrutements, promotions, ruptures.
  • Satisfaction des salarié·es minorisé(e)s (pas juste moyenne globale).
  • Nombre d’initiatives concrètes (et leur portée réelle).

  • Baromètres d’inclusion anonymes.
  • Enquêtes qualitatives (entretiens, focus groups).
  • Audits externes ou autoévaluations (type AFNOR, Diversidays…).

  • Partir des données concrètes, pas des intuitions.
  • Impliquer les collaborateur(rice)s concerné·es dans la conception des mesures.
  • Communiquer sur les actions… et sur ce qu’il reste à faire.

3. Mobiliser toutes les fonctions de l’entreprise

👉 L’inclusion ne peut pas (et ne doit pas) reposer sur les seules épaules des RH et ne doit pas se cantonner à un “projet diversité” dans un coin de l’organigramme.

Elle devient stratégique quand elle irrigue chaque fonction de l’organisation.

Si la direction ne porte pas le sujet, tout le reste sonne faux.

  • L’inclusion doit être incarnée au plus haut niveau, dans les prises de parole, les arbitrages, les promotions…
  • Elle doit faire partie des priorités stratégiques, pas juste d’une page sur le site ou d’un événement annuel.

Les RH ont la main sur les process les plus sensibles : recrutement, mobilité, reconnaissance, gestion des conflits.

Les managers, eux, incarnent l’entreprise au quotidien.

  • C’est leur posture qui détermine si les personnes se sentent écoutées, vues, respectées.
  • C’est leur manière de distribuer la parole, gérer les feedbacks ou traiter les écarts qui crée (ou non) un cadre inclusif.

👉 Sans RH formé(e)s et managers aligné(e)s, aucune politique d’inclusion ne tient.

Vous ne pouvez pas publier un post LinkedIn sur le mois des fiertés… et ignorer les remarques sexistes ou homophobes en interne.

Vous ne pouvez pas faire des visuels “inclusifs”… si votre charte graphique invisibilise les personnes concernées.

👉 Une communication inclusive, c’est :

  • des récits vrais : mettre en avant les actions concrètes et les personnes concernées,
  • des représentations justes : photos, témoignages, chartes graphiques,
  • de la cohérence dans le temps : pas un coup d’éclat annuel, mais une ligne éditoriale continue.

Tous les départements sont concernés. Voici comment :

  • Juridique : mise en conformité, traitement des discriminations, sécurisation des pratiques.
  • IT : accessibilité numérique, outils adaptés, sobriété cognitive.
  • Marketing : représentation, écoute client, non-stéréotypage.
  • Achats : inclusion des fournisseurs, clauses RSE, économie sociale et solidaire.

En conclusion

L’inclusion n’est ni un effet de mode, ni un “plus” pour soigner son image employeur.

C’est un fil rouge stratégique, qui traverse le recrutement, le management, la prise de décision, la communication… et la culture d’entreprise au sens large.

👉 Elle ne s’oppose pas à la performance. Elle en améliore la qualité, la durabilité, la portée.